Le personnage de Will est d’ores et déjà la star des edits. Mais est-ce seulement justifié ?
Cela va sans dire, mais je le dis tout de même : cette newsletter spoilera allègrement la dernière saison de Stranger Things, à minima les quatre premiers épisodes de la saison 5. Si vous préférez attendre, vous pouvez toujours m’entendre via le sulfureux podcast Two Girls One Talk hosté par mon acolyte Niemesia. Choose your fighter !
Ce n’est pas pour me vanter, mais j’ai souvent du flair. Du pif. La vision. Une semaine avant la sortie des quatre premiers épisodes de la saison 5 de Stranger Things, qui sera la dernière, j’avais évoqué avec une amie mes pronostics, de manière assez molle je dois dire. C’est que je n’étais que peu hypée après tant d’attente, la dernière saison étant sortie il y a trois ans. Et que les scandales touchant certains acteurs du casting (David Harbour, ex-mari de Lily Allen et son baisodrome rempli d’une centaine de préservatifs, les propos sionistes de Noah Schnapp) m’avaient considérablement refroidie. Mais sachant que cela allait me donner de la matière à écrire, je m’y suis remise. Parce que j’étais peu ou prou sûre d’une chose : Will, et plus particulièrement son homosexualité, seraient la pierre angulaire de cette nouvelle saison, et je ne m’y suis pas trompée.
Les précédents épisodes n’ont eu de cesse de nous lancer d’aveuglants appels de phare concernant les sentiments de Will envers son meilleur ami de toujours, Mike. Cette saison ôte le peu de doutes qui pouvaient encore persister. Au gré des quatre épisodes de l’ultime tour de piste déjà dispo sur Netflix à l’heure de l’écriture de ces lignes, Will trouve un réconfort en Robin, lesbienne qui s’est outée auprès de Steve il y a de cela déjà quelques saisons. Et qui a même trouvé l’amour, bien qu’interdit, car pour le moment uniquement consommé en privé ou dans les réserves (métaphore du placard) d’un hôpital. Robin servira de “jedi queer” qui, comme nous, ne peine aucunement à voir ce que Will préfère ignorer. Jusqu’à cette ultime scène d’ores et déjà ultra virale du quatrième épisode, climax bourré d’effets spéciaux et d’un plan-séquence sur lequel la production a clairement étalé les billets pour séduire les bandeurs de films super-héroïques. Alors que des démogorgons s’apprêtent à occire tous ses amis (dont Mike), et juste après avoir été traité de faible et facilement manipulable par Vecna, némésis du programme qui l’a jadis kidnappé, Will nous offre un flashback plutôt très émouvant en toute subjectivité.
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On voit l’enfant seul, rejeté, qui fait la rencontre dudit Mike, lui proposant d’être son ami. Des moments de félicité avec son frère Jonathan, qui lui construit la cabane qui lui servira de refuge. Ou toutes les fois où il s’est déguisé en sorcier, car dans cette vaste référence au jeu de rôle Donjon et Dragon qu’est le programme, c’est bien de ça dont il s’agit. Nous faire comprendre depuis le début que Will n’est pas faible, mais surpuissant. Et pour accéder à ses pouvoirs, il n’a qu’une chose à faire : accepter et embrasser son homosexualité. Hop, lentilles blanches, poses badass, pouvoir de contrôler puis tordre les ennemis et enfin un petit saignement de nez balayé d’un revers de la main. Will est passé de boulet à star des edits.
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Depuis, ce n’est pas bien compliqué, je ne peux plus faire deux pas sur TikTok avant d’être accablée de montages tout à sa gloire, et le qualifiant de nouvelle icône queer. Mais ce coming-out est-il si fort, si puissant ? Dès la première saison, et alors que le protagoniste existe par son absence, retenu prisonnier dans le monde à l’envers, autre dimension, ses camarades se permettent plus d’une réflexion homophobe à son sujet. Dans la saison 4 où, ne nous mentons pas, Will n’a que peu de temps d’écran, c’est à chaque fois pour nous rappeler à quel point il est “pleurnichard” et souffre de ne pas être out auprès de son ami Mike alors pleinement épanoui dans une relation hétéronormée – d’où la fameuse scène des larmes dans la voiture, censée être tragique, détournée en mèmes depuis. Et ce détournement résume un peu tout le problème : n’est-ce pas un peu maladroit d’encore et toujours associer l’homosexualité masculine à la faiblesse et à la solitude ?
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